Europos-Doura : Archéologie, histoire et patrimoine

, par Katherine Gruel

Personnes engagées dans ce thème de recherches
Direction de la mission : P. Leriche (DRE CNRS-ENS Paris) et A. El Saleh (DGAMS Deir ez Zor).
Membres de l’UMR associés : F. Alabe (MC Université de Tours) - N. Haroun-Panayot (MC, Université de Balamand, Liban) - W. Khalil (MC, Université Libre de Beyrouth).
Doctorants : S. de Pontbriand (Université de Paris I) - J. GASLAIN (Université de Paris I).
Post-doctorants : G. Coqueugniot (Ch. de cours, Université de Londres).
Partenaires scientifiques : Institut Français d’Archéologie du Proche-Orient (IFAPO) - Direction Générale des Antiquités et Musées de Syrie (DGAMS) - Université de Yale
Partenaires financiers : Shelby White and Leon Levy Fund for Archaeological publications (Université de Harvard) - Université de Cincinnati - Société des Ciments Lafarge - Total E. & P. Syrie. |


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Pays : Syrie
Localité  : Salhiyé, Mohafazat de Deir ez Zor
Coordonnées géographiques : Latitude : 34°44’50« N. Longitude : 40°43’46 »E

 

 

 

Historique de la Mission

Vue aérienne du site d’Europos Doura ©MFSED
Vue aérienne du site d’Europos Doura ©MFSED

La ville antique d’Europos-Doura (75 ha) a été découverte en 1920 et explorée par une mission française dirigée par F. Cumont (1922-23), puis par une mission américano-française dirigée par M. Rostovtzeff (1928-37). Un quart de sa surface est alors dégagée avec des résultats spectaculaires.

 

Plan général du site d’Europos Doura ©MFSED
Plan général du site d’Europos Doura ©MFSED

En 1986, après cinquante ans d’abandon, la Mission Franco-Syrienne d’Europos-Doura (MFSED) est créée à l’initiative de P. Leriche (CNRS Paris) par le Ministère Français des Affaires Étrangères et la Direction des Antiquités de Syrie. Les campagnes annuelles de deux mois ont un triple objectif : réexamen et sauvetage des vestiges dégagés, fouilles et études historiques nouvelles, publication dont celle de monuments fouillés demeurés inédits.
La dernière campagne a eu lieu au printemps 2011. Depuis, le site est inaccessible et les installations de la MFSED ont été détruites.

Visionner le film consacré à Doura-Europos, en 1988, au moment de la reprise des fouilles par la mission franco-syrienne de Doura-Europos, pour sauver les principaux monuments du site.

Histoire d’Europos-Doura

 
Cette histoire est tirée du matériel archéologique (dont 155 parchemins et papyri).

 

  • Vers 300 av. n. è, un fortin macédonien nommé Eurôpos est fondé sur l’emplacement d’un fort plus ancien.
  • Vers 150 av. n. è., ce fortin est transformé en ville. Les fortifications et l’agora sont mis en chantier.
  • Vers 115 av. n. è., les Parthes s’emparent d’Europos pour près de trois siècles. Fortifications et agora restent inachevés. Des populations araméennes, dont de nombreux Palmyréniens, s’installent auprès des Macédoniens. La ville se construit en respectant le plan d’urbanisme grec.
  • En 165, l’armée romaine occupe Europos. Vers 212, le quart nord de la ville est tranformé en camp militaire. Dura remplace Eurôpos. Mais, vers 250, ce dernier nom reparaît quand la cité jouit du titre Kolôneia Eurôp(aiôn Seleukou).
  • Vers 256, les Sassanides assiègent la ville, l’emportent et déportent sa population.

 

La mise à mort d’Europos-Doura en fait un témoin intact de la civilisation de l’Orient séleucide, parthe et romain. On y trouve de puissantes fortifications, trois palais, une vaste agora, quinze temples polythéistes, un mithraeum, une synagogue et une maison chrétienne, plusieurs résidences, cinq thermes et de nombreuses maisons et boutiques. Ses célèbres peintures murales, sa riche documentation écrite, un abondant matériel militaire et de multiples témoignages de vie quotidienne constituent désormais la base de toutes les études sur la vie du Proche-Orient antique.

 

Le sanctuaire d’Artémis vu vers l’Ouest ©MFSED
Le sanctuaire d’Artémis vu vers l’Ouest ©MFSED
Le nouveau temple de Zeus au pied de la citadelle ©MFSED
Le nouveau temple de Zeus au pied de la citadelle ©MFSED
Façade sud de la résidence de Lysias, en fouille ©MFSED
Façade sud de la résidence de Lysias, en fouille ©MFSED
La rampe d’assaut sassanide vue vers le Sud ©MFSED
La rampe d’assaut sassanide vue vers le Sud ©MFSED

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le patrimoine à Europos-Doura

Le bas-relief du sanctuaire de Bêl de la rue principale M5 ©MFSED
Le bas-relief du sanctuaire de Bêl de la rue principale M5 ©MFSED

Depuis 1986, la MFSED a obtenu la fermeture du site aux véhicules et la nomination de gardiens. Une large zone de protection a été établie afin de préserver la nécropole antique et le milieu naturel miraculeusement demeuré intact.

 

Fragment de peinture murale du nouveau temple de Zeus de la citadelle ©MFSED
Fragment de peinture murale du nouveau temple de Zeus de la citadelle ©MFSED

De nombreux monuments anciennement fouillés inédits, mal publiés ou menacés (fortifications, plusieurs temples, maisons et palais, camp romain) ont été réexplorés. De nouveaux secteurs de fouille ont aussi été ouverts sur la rue principale (tranchées stratigraphiques, temple, arc, îlot B6), la zone proche du fleuve (îlot d’artisans, temple au pied de la citadelle) le rempart nord et la rampe d’assaut, des tombes grecques etc.). Les données obtenues complètent et parfois rectifient les données des missions anciennes, en particulier l’histoire de la création de la ville.

 

L’analyse approfondie des techniques antiques de construction a permis d’appliquer ces techniques pour restaurer les parties ruinées de plusieurs monuments en pierre de taille (palais du Stratège et porte de Palmyre), en briques crues (maison chrétienne ou grand glacis romain de l’enceinte) ou en blocage au plâtre (odéon et grand temple de Bêl).

 

Chapiteau ionique découvert dans la résidence de Lysias ©MFSED
Chapiteau ionique découvert dans la résidence de Lysias ©MFSED

Deux maisons romaines ont été reconstruites à l’identique pour tester les techniques, reconstituer le cadre de vie antique et favoriser l’appropriation par la population de son patrimoine. Cinq pièces ont été aménagées pour accueillir les visiteurs et abriter une exposition permanente gratuite retraçant l’histoire du site.

 

Etude du matériel céramique du site ©MFSED
Etude du matériel céramique du site ©MFSED

La MFSED forme de futurs archéologues, architectes et restaurateurs de toutes nationalités (quatre thèses soutenues, une en cours). Elle forme aussi des artisans locaux aux techniques de construction de l’Antiquité qui réalisent toutes les restaurations monumentales de la vallée de l’Euphrate.