Grand prix d’archéologie 2021 de la Fondation Simone et Cino Del Duca
William Van Andringa & Henri Duday

, par Jean-Michel Colas

Le projet sur la nécropole de Porta Nocera (2022-2026) a retenu l’attention de l’Institut de France qui a décerné le GRAND PRIX DE L’ARCHÉOLOGIE SIMONE ET CINO DEL DUCA 2021 à M. William Van Andringa & M. Henri Duday. Le projet est intitulé : « La nécropole de Porta Nocera à Pompéi. Un laboratoire unique pour l’étude d’une tradition funéraire et l’élaboration de méthodes spécifiques à l’archéothanatologie ».
Le Prix sera destiné à préparer un programme ambitieux de publications et à continuer d’enquêter sur la mécanique complexe d’une tradition par des opérations de fouille ciblées.

La Fondation Simone et Cino Del Duca délivre chaque année sur proposition de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres un prix d’archéologie pour aider au rayonnement de l’archéologie française en France et à l’étranger.

William Van Andringa est actuellement directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, membre de l’Institut universitaire de France et de l’UMR 8546 AOrOc (ENS-PSL, Paris). Il est spécialiste des pratiques religieuses et funéraires du monde romain, domaines dans lesquels il a publié de nombreux ouvrages et articles. Ses enquêtes concernent Pompéi, où il a dirigé plusieurs chantiers archéologiques, notamment celui de la nécropole romaine de Porta Nocera, mais aussi les provinces gauloises – il dirige en ce moment un Projet Collectif de Recherches sur la ville romaine de Lugdunum des Convènes/Saint- Bertrand-de-Comminges dans les Pyrénées. Son dernier ouvrage (Archéologie du geste. Rites et pratiques à Pompéi, 2021) constitue un manifeste pour une archéologie recentrée sur le terrain et l’humain comme le préconisait Leroi-Gourhan. Ses recherches ouvrent une nouvelle manière d’écrire l’histoire, à partir d’une archéologie aujourd’hui capable de pleinement détecter et restituer le concret de l’action humaine.

Henri Duday a suivi un double cursus en Médecine et Archéologie à Montpellier, complété par des études en Anthropologie biologique (Paris) et par une maîtrise de Biologie humaine en Anatomie (Montpellier) et Statistiques (Villejuif). Dès l’âge de quinze ans, il s’est formé à l’archéologie de terrain, notamment auprès de Jean Guilaine qui le chargea de dégager une sépulture du Néolithique ancien dans la grotte Gazel à Sallèles-Cabardès (Aude). Cette découverte l’orientera définitivement vers l’archéologie de la Mort. Assistant en Anatomie fonctionnelle et Biomécanique (Unité 103 de l’Inserm), médecin des hôpitaux (Pathologie Neuro-musculaire) puis chercheur au CNRS de 1973 à 2013 (Paris, Montpellier et Bordeaux), il a également dirigé entre 2001 et 2013 le Laboratoire d’Anthropologie des Hommes Fossiles de l’EPHE (2000-2013). Durant toute sa carrière, il a développé une intense activité de formation en France et à l’étranger (professeur invité à La Laguna, Pise, Neuchâtel, Mexico, Tunis, Damas et Salerne).

Projet récompensé

William Van Andringa et Henri Duday ont tous deux participé à un premier programme archéologique sur un quartier funéraire de la nécropole de Porta Nocera à Pompéi, entre 2003 et 2007. La publication du programme en 2013 est considérée comme un jalon dans la recherche sur les pratiques funéraires antiques ; elle a donné lieu à de nouvelles problématiques et méthodes d’analyse qui ont été développées et précisées dans le cadre d’une enquête initiée en 2014 et inscrite dans la programmation de l’École française de Rome pour la période 2016-2021 : Pompéi – fouille de la nécropole de Porta Nocera, archéologie de la mort et structures sociales.

Le projet présenté pour 2022-2026 est par conséquent fondé sur une méthode établie sur le long terme et un corpus de pratiques précises et bien documentées ; il constitue un manifeste pour une archéologie du geste et ouvre une nouvelle manière d’écrire l’histoire, à partir d’une archéologie aujourd’hui pleinement capable de détecter et restituer le concret de l’action funéraire. Le projet vise désormais à mettre en perspective les résultats acquis entre 2014 et 2021 et auparavant entre 2003 et 2007 : l’étude au cas par cas des tombes, des bûchers, des vestiges abandonnés à la surface du sol et des différentes catégories de mobilier sera ainsi complétée et élargie de manière à documenter de manière inédite une tradition funéraire par la chaîne du concret des traces archéologiques. Les objectifs de la mission Porta Nocera consistent en une série de publications qui feront certainement date dans l’archéologie funéraire et des opérations de fouilles ciblées destinées à enrichir et à diversifier les séquences étudiées.

Membres du jury

— M. Yves-Marie Bercé, Président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (2021), président du jury
— M. Azedine Beschaouch, secrétaire général du CIC pour Angkor associé étranger de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
— M. Mounir Bouchenaki, ancien directeur de l’ICCROM (Rome)
— M. Glen Bowersock, professeur à Princeton (Institute for Advanced Study), associé étranger de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
— M. Henri Lavagne, Vice-Président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (2021)
— M. Olivier Picard, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
— M. Christian Robin, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
— M. Michel Valloggia, professeur à l’Université de Genève, associé étranger de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
— M. Michel Zink, de l’Académie française, Secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres