Regards et gestuelle dans l’iconographie des banquets et des fêtes dionysiaques sur la céramique attique du VIe au IVe siècle av. J. C.
Corinne de Ménonville

, par Jean-Michel Colas

Jeudi 20 mai 2021, 17h30-19h30
Visioconférence : https://global.gotomeeting.com/join/564150533
Par téléphone : +33 187 210 241
Code d’accès : 564-150-533
Conférence dans le cadre du séminaire « Histoire de l’art antique et archéologie classique »


Corinne de Ménonville
diplôme EPHE-PSL

Regards et gestuelle dans l’iconographie des banquets et des fêtes dionysiaques sur la céramique attique du VIe au IVe siècle av. J. C.

L’imagerie des vases attiques est une question de regards. Regard de l’imagier qui construit sa scène sur le vase et détermine le motif approprié selon la place dont il dispose et l’usage du vase, regards de l’acheteur qui en deviendra l’utilisateur, regards des personnages représentés au sein même de l’image ou regards tournés vers l’extérieur. Regards obliques, transversaux, frontaux, regards extasiés et perdus au fond d’eux-mêmes, tous révèlent des enjeux optiques et sémiologiques. Des effets dynamiques significatifs se mettent en place. La composition de l’image va orienter l’œil du regardant, grâce à un réseau de lignes de forces. Stratégie visuelle, logique d’association, jeux stylistique et sémantiques participent à l’élaboration d’une communication non verbale voire d’un logos (Jacquet-Rimassa, 2013) renforcé par une gestuelle appropriée. Regards et gestes sont porteurs de sens et créent une intelligibilité de l’image et de la composition.

Ce travail se propose d’étudier les regards et la gestuelle au sein de l’imagerie des banquets et fêtes dionysiaques sur la céramique attique. En Attique Dionysos est un dieu bienveillant (Détienne, 1986). Il abandonne ses fureurs à Thèbes et dûment célébré à Athènes il pourvoie les hommes en vin/ivresse et extase. Les changements d’état qui en résultent, révèlent « l’autre de l’homme » (J.P. Vernant, 1991) et confirme Dionysos en dieu de l’altérité.

Comment ces changements d’état sont-ils transcrits dans l’iconographie dionysiaque ? 

Quelles inflexions les imagiers donnent-ils aux regards et aux gestes pour en témoigner, quel séquençage est-il retenu ? Quels sont les types de regards trouvés, comment s’associent-ils aux gestes, que peut-on en déduire ?

Ces choix et leurs composants seront analysés au cours des deux premiers chapitres.

Une contextualisation des scènes (arrière plan sociologique ou géographique) sera nécessaire pour comprendre le choix des imagiers et les valeurs induites. L’image du banquet est une entité autonome, fonctionnant en circuit fermé avec un réseau de regards intra-iconiques. Les images des fêtes sont intra-iconiques mais pas inter-iconiques comme au banquet. Chaque personnage représenté vit sa propre expérience intérieure indépendamment des autres comme dans les scènes de transe ménadique.

Le troisième chapitre sera consacré à l’interaction regardé/regardant et au pouvoir d’influence de l’image en elle-même (Gell, 1998). Une mise en série du motif de l’œil, complètera l’étude.

Cette démarche a un double objectif : celui de montrer la nature et l’évolution des enjeux iconographiques et sémiologiques de la représentation des banquets et des fêtes dionysiaques et leur l’aspect cathartique au sein du culte de Dionysos. Et celui d’identifier les raisons du succès de l’iconographie dionysiaque des banquets et fêtes.

Responsable : François Queyrel